PHILIP Maurice
Instituteur.
Détaché à l'oeuvre du cinéma éducateur.
Directeur de l’Office cinématographique de l'enseignement (OCE) de Marseille de 1943 à 1966.

Dans son rapport d’activité de 1946, Maurice Philip énumère les tâches qu’il s’est assigné à la tête de l’OCE : "Outre la direction générale, je me suis réservé les relations avec l’Administration, les autres départements de l’Académie, et les divers organismes s’intéressant à notre œuvre. »
En juillet 1946, il est élu au Bureau national de l’UFOCEL, la fédération de ciné-clubs de la Ligue de l’enseignement : « Je prends part de ce fait à l’administration de l’organisation nationale du cinéma culturel et éducatif, et j’assure ainsi la liaison avec l’office. »
Maurice Philip est très attaché à la qualité de la documentation proposé par l’OCE aux enseignants et aux animateurs, de même qu’à la qualité du matériel et des prestations techniques de l’Office. Il s’est lui-même formé à la projection avec Guy Roustan dès la fin de la guerre. Et, dès que l’OCE s’installe dans les annexes de la chapelle du lycée Thiers, en 1950, il adjoint à l’office un service de documentation et un service technique dont il prend personnellement la charge.
Sa curiosité pour l’audiovisuel ne se borne pas au cinéma. Il s’intéresse aussi à l’essor de la télévision qui n’en est qu’à ses débuts et suit un stage sur sa technique. La même année, en 1954, l’OCE organise une manifestation-salon intitulée « la magnétophone au service de l’enseignement » dans la chapelle désaffectée du lycée Thiers avec une vingtaine d’exposants et des conférences pédagogiques.
A partir de 1954, Maurice Philip participe à la création de la société Citévox une initiative permettant aux offices régionaux de France de devenir actionnaires d’une société commerciale déclarée au CNC comme distributeur de films. Il s’agit alors d’assurer aux adhérents de l’UFOLEIS l’accès aux films commerciaux pour leurs ciné-clubs culturels.
Les rapports que Maurice Philip adresse chaque année à l’inspecteur d’académie, mettent en avant les qualités proprement éducatives du cinéma. En 1951, il note :
« parmi nos raisons d’espérer, nous avons noté cette année un grand pas de fait par l’intérêt qu’a pris l’enseignement secondaire dans cette technique pédagogique, tous les lycées de garçons de Marseille se sont équipés cette année, nous notons la même progression dans tous les départements de l’académie.
A l’intérieur des 7 lycées se sont également organisés des ciné-jeunes où avec leurs professeurs les élèves étudieront le langage de ce nouvel art. le départ est donné pour le 2ème degré qui va suivre une progression constante. (…)
Les instituteurs dans leur village ou dans leur quartier, les animateurs de sociétés post-scolaires, ont pu, grâce au film, à notre fichier, à notre bulletin, à tous les documents que nous leur fournissons, perpétuer par le film l’oeuvre de culture populaire qu’ils ont commencé jadis avec leurs cours du soir, leurs groupes artistiques, leurs sociétés sportives. Un nouvel art est né, ils peuvent ainsi en faire bénéficier les populations, un nouveau langage s’est fait jour, c’était à eux de l’expliquer, ils n’ont pas failli à la tradition, nous sommes heureux de leur en avoir fourni les moyens. »
Philip relève l’intérêt artistique intrinsèque du cinéma, mais à ses yeux la médiation professorale reste indispensable à sa découverte.
Cette estime culturelle du cinéma en tant qu’art prend un tour plus net encore avec la nouvelle génération cinéphile qui apparait au tournant des années 1960 et le phénomène de masse qu’est alors devenu la cinéphilie
En 1963, il insiste sur l’effort culturel à développer pour « former l’animateur comme le spectateur actif ». « Notre rôle est de former des spectateurs conscients et avertis. il est aussi difficile d’apprécier Proust, Malraux, Camus, sans une certaine culture, que de comprendre Eisenstein, Bunuel, Fellini, sans une initiation équivalente. »
Au sein de l’Office du cinéma de l’enseignement, Alain Imbern, jeune instituteur, incarne cette nouvelle génération dont l’exigence culturelle et la passion du cinéma, mais aussi le dévouement pour l’éducation populaire enthousiasment Maurice Philip. Celui-ci tenant en haute estime celui-là l’envoie se former à l’Ecole de Saint-Cloud. Alain Imbern revenu devient en 1965 délégué régional de l’UFOLEIS en PACA et développe une intense activité pédagogique tournée vers le cinéma à travers des ateliers, de stages des conférences et des publications…
En 1964, Philip accorde un satisfecit à l’Office qu’il dirige depuis 20 ans : « l’OCE est de moins en moins une entreprise de cinéma bon marché, c’est avant tout une association culturelle dont le sommet sur le plan national publie la meilleure revue de cinéma existant en France »
Les dernières années de sa direction sont néanmoins blessées par la remise en cause brutale du rôle des Offices cinématographiques de l’enseignement par l’Etat :
« Aujourd’hui il semblerait que la la Cour des Comptes trouve anormal que des fonctionnaires, à qui il avait été officiellement demandé de le faire, travaillent pour une association qui complète et prolonge l’action de l’école. Il lui semble également abusif que la dite association, à qui il a été imposé de quitter ses locaux, occupe au CRDP des locaux qu’on lui avait demandé de rejoindre.
Il y a peut-être une logique dans cette façon de voir, mais il y a certainement une très grande injustice, qui méconnait non seulement les engagements pris, mais également la qualité et l’ampleur des services rendus.
Il y a maintenant plus de 23 ans qu’à la demande de Monsieur l’Inspecteur d’Académie de l’époque, j’ai créé l’Office actuel et, il y a plus de 21 ans qu’avec mes collègues, jour après jour, nous avons travaillé à lui donner sa place et son essor actuel. »
A son départ, l’OCE compte une équipe de 19 personnes et 550 adhérents (313 associations péri-scolaires et 237 post-scolaires) en PACA et Corse. Ses séances post-scolaires ont réunis 17.000 spectateurs devant de grands écrans.
L’office dispose d’une collection importante : 2.178 courts métrages, 718 longs métrages en 16 mm et 469 films 8 mm Son activité de prêt à l’échelle de la région PACA et de la Corse s’élève à 10.907 courts métrages en 16 mm, 2.396 en 8mm et 7.804 longs métrages.
La bibliothèque, 17 ouvrages spécialisés en 1951, en propose plus de 300. La discothèque 2.061 disques. Egalement 3.457 films fixes et jeux de diapositives. Et le service de cession de matériel et de réparation a reçu 5804 visites cette même année 1966.
Il est à noter que Maurice Philip aimait citer Saint-Exupéry et qu’il a gardé pour son dernier rapport d’activité cette citation en guise flambeau :
« Il n’y a pas des solutions, il y a des forces à susciter et les solutions suivent… »
Il est au générique de deux films :
Fêtes de la Quinzaine laïque de 1948 (Les)
Sois poli - Leçon sur la politesse (1948)
On l’aperçoit à l’image dans plusieurs autres :
Activités de l’Office (1948)
Sète, Marcoule, Londres (S. ind.)